Article novethic.fr : Les encours de la finance solidaire dépassent le milliard d’euros !

En 2012, l’encours du financement solidaire a pour la première fois dépassé le milliard, a annoncé Finansol lors de la publication de son baromètre annuel. Une forte croissance qui permet entre autres de soutenir des entreprises à vocation sociale et environnementale.

1,024 milliard d’euro , un chiffre  en hausse de 16,5 % : la finance solidaire continue d’afficher une belle croissance. De fait en 2012 les produits d’épargne solidaire atteignent un encours record de 4,71 milliards d’euros ( une augmentation de 32,9% sur un an) . Cette progression est due notamment aux encours de l’épargne salariale, qui a progressé de 50% et s’élève désormais à 2,6 milliards d’euros. Sur les 900 000 Français qui ont souscrit un produit d’épargne solidaire, plus de 3 épargnants solidaires sur 4 le sont via la sélection du fonds solidaire dans leur dispositif d’épargne d’entreprise (PEE, PEI, PERCO et PERCOI), soit plus de 700 000 salariés. Entre 30 000 et 40 000 personnes sont des épargnants solidaires par le biais d’un contrat d’assurance-vie ou d’un OPCVM commercialisé dans les réseaux bancaires et mutualistes et plus de 70 000 épargnants solidaires ont choisi d’investir au capital d’entreprises solidaires.

Nouveau contrat d’assurance-vie solidaire

Sur le marché de l’assurance-vie solidaire, le Crédit agricole vient d’annoncer le 16 mai le lancement d’un nouveau contrat,  le Contrat Solidaire qui associe plusieurs domaines de solidarité. 5 % des fonds en euros seront investis dans le FCP Finance et Solidarité d’Amundi, un fonds qui consacre 80 % de ses montants au financement d’entreprises solidaires. Les 20 % restants correspondant à des liquidité et obligations « liées au développement durable ». Le fonds du Crédit Agricole comporte également une fonction de partage qui prévoit de reverser 1% des frais sur versements fixes à une association (sur les 2% de frais). Le souscripteur peut choisir de les attribuer à une association faisant partie du programme Tookets (humanitaire, caritatif et social), ou de donner son don à l’association nationale Initiative France (premier réseau associatif pour l’accompagnement et le financement de la création et de la reprise d’entreprises en France, aide notamment les créateurs d’entreprises à avoir accès au crédit bancaire). Les 95 % restants du fonds seont investis de manière conventionnelle (obligations d’Etats ou d’entreprises).

12 000 entreprises soutenues

Dans cette période crise et de grande difficulté  de financements pour les entreprises, la finance solidaire a permis de son côté de soutenir plus de 12 000 entreprises en France, permettant la création ou la consolidation de plus de 36 000 emplois. Près de 20 000 d’entre eux concernent des personnes qui rencontrent des difficultés d’accès à l’emploi (création et développement de plus de 10 000 micro- entreprises, notamment dans des zones urbaines en difficulté et/ou par des personnes bénéficiaires de minima sociaux, création ou consolidation de plus de 4 500 postes en insertion).  Par ailleurs le secteur a permis de loger l’an passé 4 400 personnes en situation de précarité, qui bénéficient d’un accompagnement social avec pour objectif de retrouver ensuite  un logement dans le parc HLM ou privé.
Sur le volet environnemental, les  installations de production d’énergie renouvelable  (solaire et éolienne) financées en 2012 grâce à l’épargne solidaire ont en effet permis la production de 12,4 MWh/an, ce qui correspond à la consommation électrique annuelle de plus de 4 000 ménages. La finance solidaire a également soutenu le développement d’une agriculture raisonnée  et bio (plus de 60 nouvelles exploitations financées).

Enfin le volet international des actions solidaires a concerné en 2012  plus de 20 millions de bénéficiaires dans les pays en développement. Près d’un millier d’Institutions de microfinance dans le monde ont été soutenues, permettant d’octroyer des prêts pour développer des projets locaux.
Une finance solidaire trop « franco-française » ?

Alors qu’au plan européen et international se développe l’Impact Investing, on peut regretter que la Finance solidaire peine à s’inscrire dans ce mouvement international et reste aujourd’hui « franco-française ». L’Impact investing consiste notamment à créer des fonds d’investissements dédiés à des projets à impact sociétal et environnemental positif – investissement dans les énergies renouvelables, les logements, l’éducation, la santé, l’assainissement, etc. C’est le cas par exemple de Suez qui a créé un fonds d’investissement dédié à l’accès à l’énergie pour des populations pauvres, dans les pays émergents ou en développement, avec des projets d’énergies renouvelables. Un moyen d’apporter des financements à des activités à vocation sociale ou environnementale tout en s’assurant de la rentabilité des activités financées.

Le Commissaire européen Michel Barnier a d’ailleurs appelé à « changer d’échelle » en  présentant son règlement ( voir notre article L’Europe intronise l’impact investing )pour créer un « fonds d’entrepreneuriat social européen » et favoriser l’investissement dans les entreprises solidaires. Ces fonds dits « EuSEF » qui entreront en vigueur en juillet 2013,  représentent un fort potentiel de développement de l’entreprenariat social (11 millions de salariés en Europe) et peuvent convaincre les acteurs de la finance « conventionnelle », qui y voient l’opportunité de créer des emplois tout en apportant des services que les Etats n’ont plus les moyens d’assumer. Quatre grands critères balisent le champ des fonds « EuSEF » : être un investisseur institutionnel avec un ticket d’entrée minimum de 100 000 €, réserver 70 % du montant  des investissements à des entreprises sociales (cf. encadré), avoir des gestionnaires domiciliés dans un pays de l’Union et mesurer l’impact social des entreprises financées. Un cadre réglementaire qui  offre désormais un support pour  rendre visible et crédible l’entreprenariat social et solidaire auprès des investisseurs institutionnels. Ces derniers sont en effet la première cible des gestionnaires d’actifs de l’impact investing qui promeut la notion de double impact social et financier.

Véronique Smée
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